Rien ne s’oppose à la nuit – DELPHINE DE VIGAN
Après le suicide de sa mère, l’auteure essaye de raconter sa vie et de comprendre ce qui l’a poussée à se donner la mort. Pour cela, elle interroge sa famille et tente de retracer, depuis son enfance, les événements qui l’ont marquée.
J’ai toujours un peu de mal avec les romans autobiographiques, centrés sur la famille et les parents. Celui-ci ne fait pas exception car, au global, je ressors de ce livre assez mitigée.
Pour commencer, tout au long du livre j’ai apprécié les passages où l’auteure sort de l’histoire et nous rends compte de ses doutes (ai je bien fait de commencer ce livre ? Comment la famille va t-elle le prendre ?) et ses difficultés à écrire sur un sujet si sensible.
J’ai beaucoup aimé la première partie, sur l’enfance de Lucile (sa mère), et la deuxième qui m’a scotchée lorsqu’est évoqué un événement horrible : revirement total à propos de la belle famille parfaite! On se rend alors compte que tout cela n’était qu’une couche de vernis sur la dure réalité !
Mais, après cette 1ère partie hyper captivante, mais forcément très romancée puisque les faits se sont passés lorsque l’auteure n’était pas née, la seconde moitié du livre ne m’a pas fait autant d’effet.
Pourtant, nous sommes moins dans la fiction et davantage dans l’autobiographie, c’est peut être ce qui m’a gênée. On regarde une famille de près et on voit la vie d’une femme se détériorer, d’un œil extérieur – un peu voyeur en quelque sorte, sans connaître l’intérêt pour le lecteur, si ce n’est pour l’auteure qui se décharge ici comme lors d’une séance de psychothérapie.
- Émotions : Les thèmes abordés ne sont pas évidents, et vu le point de départ (le suicide d’une mère), nous ne sommes pas ici dans un livre très gai, je préfère vous prévenir !
- Action : Très peu d’actions, sauf sur quelques passages assez forts qui marquent les points de chute de Lucile.
- Suspens : On connaît déjà la fin, dès le début ! Mais, ce qu’on ne sait pas c’est comment ni pourquoi, c’est d’ailleurs ce que cherche également l’auteure – sans savoir si elle y arrive finalement car elle essaye de relater les faits.
Pour finir, si vous aimez les histoires de familles torturées je conseille fortement ce livre ! Sinon, vous pouvez tout de même le lire car cela reste un livre plébiscité sur ces dernières années !
EXTRAITS
« Qu’avais-je imaginé? Que je pouvais raconter l’enfance de Lucile à travers une narration objective, omnisciente et toute-puissante? Qu’il me suffisait de puiser dans le matériau qui m’avait été confié et faire mon choix, mon « petit marché »? Mais de quel droit?
Sans doute avais-je espéré que, de cette étrange matière, se dégagerait une vérité. Mais la vérité n’existait pas. Je n’avais que des morceaux épars et le fait même de les ordonner constituait déjà une fiction. Quoi que j’écrive, je serais dans la fable. Comment avais-je pu imaginer, un seul instant, pouvoir rendre compte de la vie de Lucile? Que cherchais-je au fond si ce n’était approcher la douleur de ma mère, en explorer le contour, les replis secrets, l’ombre portée? »
« A la librairie de la rue de Maubeuge, Lucile passait des heures devant le rayon destiné aux petites filles . Elle finissait par choisir un livre qu’elle glissait sous son bras, refermait son manteau, saluait la dame avec un large sourire après lui avoir déclaré qu’hélas, rien ne la tentait. Des années plus tard, Lucile comprendrait que cette femme au regard tendre avait été la complice silencieuse de son initiation à la lecture. «