Quand sort la recluse – FRED VARGAS
Déjà trois morts de personnes âgées dûes à des piqures de recluses. Pourtant cette araignée, assez peureuse et qui se cache des hommes, n’a pas un venin assez fort pour tuer. Les réseaux sociaux s’enflamment : son venin aurait-il muté pour devenir mortel à cause des insecticides ou à cause du réchauffement climatique qui ferait monter sa puissance ? Pour le commissaire Adamsberg, c’est encore autre chose : et si nous étions face à des meurtres ?
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Encore un roman de Fred Vargas que j’ai dévoré! Pour ceux qui ne connaissent pas encore cette auteure, elle écrit des thrillers et a un style bien particulier. Enfin disons plutôt que son personnage central, qui revient à chaque fois, le commissaire Adamsberg, est spécial et c’est ce que j’adore dans ses romans. On ne sait jamais bien où tout ça va nous mener et on accompagne Adamsberg, d’intuitions en intuitions, jusqu’à la résolution de l’enquête. Homme de la campagne, né dans les Pyrénées, il en a gardé le goût des choses simples. Il est nonchalant, peu soucieux de son apparence, la tête dans les nuages, jamais là où on l’attend, et possède une grande sensibilité qui lui permet de voir certains détails cruciaux que tout le monde aurait laissé de côté et il obtient ainsi des résultats spectaculaires dans son métier.
Dans ce roman, on commence par une enquête qui n’a rien à voir avec la recluse mais qui nous plonge dans l’ambiance de la brigade et nous rappelle les différentes personnalités qui la composent, et qui permet d’amener la véritable enquête de ce livre.
En découvrant les morts par piqûres d’araignées, quelque chose gratte notre commissaire (cf. extraits ci dessous), et dans ces cas-là, il est d’avis qu’il faut gratter jusqu’au bout sinon il n’aura pas l’esprit tranquille. Et c’est ce qu’il fait ici, envers et contre tous, notamment certains de sa brigade, qui le prennent pour un fou.. Parfois cela ne mène qu’à des fausses pistes mais la solution est bien là quelque part entre un orphelinat, une bande d’adolescents tortionnaires, des femmes blessées et des piqures d’araignées.
Alors oui, ca parle de recluses et jai eu peur que ca me dégoute ou me fasse peur mais finalement non, elle sont restées sagement loin de moi, au fond du livre. Par contre j’en sais plus sur elles que je n’en ai jamais su (ou jamais voulu savoir) que ça soit sur l’arachnide ou sur les femmes qui portent également ce nom.
A la fin, j’avoue que je ne sais même plus comment Adamsberg a réussi à avancer dans son enquête tellement cela ne repose que sur des intuitions,…. certains pourront dire que c’est un peu tiré par les cheveux et pas vraiment représentatif de la réalité des commissaires. Pour ma part, je ne lis pas les romans de Fred Vargas pour leur véracité mais pour retrouver cet énergumène de commissaire et pour le suspens qu’il y a dans ces livres. Car j’ai dévoré ce livre, il fallait que je sache qui, comment, pourquoi! Au final, attendez vous à une histoire assez sombre et sordide …
A noter je viens de voir que le livre allait être adapté en série (encore un!) avec Jean-Huges Anglade dans le rôle principal.
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EXTRAITS
« C’est mon voisin, le vieux Lucio. […] Quand il était enfant, il a perdu un bras pendant la guerre d’Espagne. Mais sur ce bras, il avait été mordu par une araignée, et il répète inlassablement que son bras est parti avant qu’il ait fini de gratter la piqûre. Que, de ce fait, cela continue toujours de le démanger. Il en a tiré un précepte qui, selon lui, s’applique à toutes les situations de l’existence : ne jamais laisser une piqûre en plan, toujours la gratter jusqu’au bout, jusqu’au sang, sauf à risquer d’être démangé toute sa vie.»
« Adamsberg croisa Froissy dans la cour.
– Je vais marcher, lieutenant.
– Je comprends, commissaire.
– Les secousses de la marche, de la déambulation, mettent en mouvement les micro-bulles gazeuses qui se promènent dans le cerveau. Et quand on cherche des pensées, c’est une des choses à faire.
Froissy hésita.
– Il n’y a pas de bulles gazeuses dans le cerveau, commissaire.
– Mais puisque ce ne sont pas des pensées, comment appelez-vous cela?
Froissy demeura sans réponse.
– Vous voyez bien, lieutenant. Ce sont des bulles gazeuses»