Les peaux rouges – EMMANUEL BRAULT
J’ai reçu le livre « Les peaux rouges » dans le cadre de l’opération masse critique de Babelio. Le sujet du racisme m’a tout de suite plu et surtout la façon d’en parler : avec un raciste comme personnage principal.
Résumé :
Amédée, manutentionnaire, vit seul avec sa mémé depuis qu’enfant, sa mère alcoolique l’a abandonné. Alors qu’il sort de chez lui, il bouscule une femme ‘Peau rouge’ enceinte et l’insulte de « sale rougeaude » devant son enfant. Il ne se l’explique pas ; il leur voue une haine intense qui remonte a son enfance. Lorsque la femme porte plainte avec un témoin à charge, Amédée est reconnu coupable d’agression avec coups et blessures volontaires à caractères racistes. Commence alors sa prise en charge par la société : prison, thérapie…; tout ça pour une petite insulte raciste; où va le monde ?!
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Mon avis littéraire :
L’auteur a choisi ici un pays imaginaire, qui ressemble beaucoup au nôtre. Le peuple du livre, « Les Peaux Rouges », a été victime d’un génocide dans un Etat voisin et est venu se réfugier dans le pays d’Amédée. Vu leur passé malheureux, la société ne laisse plus rien passer en matière de racisme.
Le livre est écrit du point de vue d’Amédée, qui parle comme il pense : mal. Du coup le langage n’est pas soutenu et le texte est rempli d’expressions mal comprises et donc mal exprimées qui m’ont fait sourire. Par exemple « Jamais nerveuse pour un fou » au lieu de « Jamais nerveuse pour un sou ».
Le livre est divisé en 4 parties :
Dans la première partie on découvre Amédée, sa vie, sa mère absente, sa mémé adorée, son racisme que lui-même ne peut expliquer. Puis la scène de l’insulte et le procès. A ce moment on comprend qu’il est mal parti n’ayant pas les moyens de payer un bon avocat et vu le contexte anti-raciste poussé au maximum de la société. Dans la deuxième partie, Amédée découvre la prison puis une cure « anti racisme » proposée en échange d’une réduction de peine.
Ces deux parties sont les plus intéressantes! C’est un peu le « Vis ma vie de raciste » : on en viendrait presque à le plaindre tellement les conséquences de cette insulte semblent disproportionnées. Mais en même temps, faut-il laisser passer certaines choses même « minimes »? Ces pages nous donnent matière à réflexion sur le racisme : le cycle infernal de la violence, la façon de gérer le racisme entre la liberté d’expression et la lutte pour l’égalité, y-a-t-il une façon de faire voir les choses différemment aux racistes ?….
C’est un peu dommage que l’auteur ait choisi un anti-héro qui est le cliché parfait du raciste: un homme blanc, ouvrier, peu éduqué, des parents absents, …
Après ces deux premières parties, je me suis demandée où allait le livre ? Les deux dernières parties qui font 55 pages (donc beaucoup plus courtes que les deux premières), parlent de la vie d’Amédée après et m’ont laissée perplexe. Je n’ai d’ailleurs pas aimé la fin du livre « Les peaux rouges » car je ne l’ai pas comprise. C’est surement fait exprès, l’auteur terminant le roman par ces phrases : » Je me fous de ce que vous pensez ».
Pour conclure :
Pour finir, après deux parties prometteuses et un sujet intéressant, j’ai été déçue par la fin qui me laisse un goût d’inachevé sur « Les peaux rouges ». Comme si l’auteur n’avait pas été clairement au bout de sa réflexion…
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Extraits :
« Elle me demande : »Quand est ce que tu reviens ? » Je lui dis bientôt, un truc comme ça, et elle écoute déjà plus, elle se désintéresse, ça me fait pas du bien, un raciste c’est sensible. On me dit tu n’as pas de cœur mais si j’ai un cœur, c’est justement parce que j’ai du cœur que je suis raciste. Un raciste souffre plus que les autres, alors il s’exprime .»
«Ils font rien pour monter les barreaux, aucune ambition, par contre la bibine ça y va, pour ça, y en a des statistiques, un tiers des hommes alcooliques, alors ils les plaignent, c’est pas de leur faute, bla-bla-bla, mais si, c’est de leur faute, pourquoi ils seraient pas responsables, moi je deviens alcoolique, c’est de ma faute parce que j’ai pas leur face merdique, non merde, faut pas pousser Mémé dans les orties, il y a des limites »