Vox – Christina Dalcher
« Une terrible transposition de la servante écarlate de nos jours ». Adapté en série à succès, le roman de Margaret Atwood est devenu un incontournable. Cette citation de ELLE en couverture vend du rêve. Il faut être à la hauteur lorsqu’on est comparé à un tel roman, or à la lecture du livre « Vox » de Christina Dalcher, je ne suis pas sûre que ça soit le cas. Voici mon avis:
——————-
Résumé :
Aux Etats-Unis, les femmes ont perdu tous les droits. Pire encore, elle sont limitées à parler seulement cent mots par jour. Un bracelet compte-mots se charge de le leur rappeler via une décharge lorsqu’elles dépassent ce quota. Jean McClellan, ancienne docteur en neuroscience, ne fait pas exception à ce traitement. Jusqu’au jour où elle est appelée pour sauver le frère du président victime d’une aphasie suite à une attaque cardiaque. Elle va alors découvrir que le pire reste à venir…
——————-
Mon avis littéraire :
Le sujet de base du livre Vox de Christina Dalcher m’a tout de suite plu. Imaginer qu’un pays comme les Etats-Unis (ou la France) peut basculer dans une dictature ou un état totalitaire me fait peur et m’interpelle.
Ce qui m’intéresse dans ce genre d’histoires habituellement (que ce soit en série ou en livre), c’est de comprendre comment un pays moderne et développé peut en arriver à une telle extrémité. Ce qui m’effraye, c’est d’intégrer l’idée que, même si cela parait insensé, le scénario est plausible et finalement pas si éloigné de notre réalité.
C’est dommage, dans ce roman, l’idée de base était donc bonne mais elle n’a pas été assez développée. La mise en place du système et les raisons ont été survolées. Du coup, je n’ai pas réussi à y croire, et donc à m’intéresser à l’hisoire et à être effrayée.
Dans les remerciements du livre Vox, Christina Dalcher note :
«A toi, cher lecteur, qui seras, en dernier ressort, le juge de cette histoire. J’espère qu’elle te plaira. Plus que tout, j’espère qu’elle te mettra un peu en colère. Et qu’elle te fera réfléchir.»
En colère, je l’ai été dans les premières pages. Dans la famille horrible américaine, je demande le mari et le fils. Le mari est décrit comme un lâche qui travaille pour le gouvernement, celui-là même qui empêche sa femme et sa fille de parler. Le fils aîné a eu un lavage de cerveau à l’école et s’engage dans les jeunesses « pures », convaincu du bien fondé de l’idéologie. Beau tableau ! Et puis le soufflet est retombé… L’auteure a ensuite dérivé l’histoire vers un roman d’espionnage qui se déploie sur environ les trois quart du livre et qui malheureusement n’a pas pris sur moi. Idem pour l’histoire d’amour développée en parallèle, à laquelle je n’ai pas réellement accroché.
Les seuls passages qui m’ont fait réfléchir sont ceux où Jean, le personnage principal, évoque ses années à la Fac. L’auteure a bien décrit la situation du monde d’avant – en tous points similaires à notre société actuelle. Pour cela, elle met en comparaison Jean face à Jackie, une ancienne copine d’école. Jackie a des idéaux, est investie en politique, exprime son avis dans des manifestations, elle est engagée. A l’inverse, Jean ne se sent pas concernée et ne voit pas l’intérêt de tout ce que fait Jackie. C’est dans cette partie que l’auteure porte un vrai message : battez-vous aujourd’hui et non pas quand il sera déjà trop tard.
Comme le disait une grande dame:
«N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question.»
Simone de Beauvoir
——————-
Pour conclure :
J’ai eu l’impression d’être devant un téléfilm américain et non une super série comme annoncé par la citation de ELLE. L’illusion a tenu les premiers chapitres mais la déception fut d’autant plus grande que la couverture mettait la barre très haut.
L’idée était bonne mais il aurait fallu creuser un peu plus la mise en place du système. J’ai trouvé ça survolé. Et pour moi, la fin a été bâclée, la résolution étant trop rapide et trop facile (comme dans un téléfilm vous dis-je!).
Quel dommage, je m’attendais à un vrai roman provocateur…
—————————
Extraits :
«Vous pouvez retirer beaucoup de choses à quelqu’un – son argent, son travail, sa curiosité intellectuelle, qu’importe. Vous pouvez même lui retirer les mots, mais vous ne parviendrez pas à changer l’essence de ce qu’il est.»
« »La seule chose qui permette au mal de triompher est l’inaction des hommes de bien. »»
« – « Vous voyez, voilà pourquoi l’ancienne méthode ne marchait pas. Il y avait toujours quelque chose. Toujours un gamin malade, ou un spectacle de fin d’année, ou des douleurs menstruelles, ou un congé maternité. Toujours quelque chose. »
J’ouvre la bouche, mais pas pour parler. Juste parce que ma mâchoire se décroche d’incrédulité.»